Porter du fruit

Ce dimanche, j’ai encore eu l’impression de découvrir quelque chose en écoutant le récit de l’évangile de la vigne et des sarments. Notamment cette formule, pourtant tellement connue : « porter du fruit », promesse faite à ceux qui demeureront en Jésus, et en qui demeure le Christ.

L’image est assez parlante. On imagine bien que si le vigneron a planté « sa plus belle vigne », c’est pour qu’elle produise du raisin, pour le manger ou pour le vinifier et élever le vin « qui réjouit le coeur de l’homme ». Et donc ici, aussi, celui du Père.

Mais ce matin, je me suis rappelé qu’avant d’avoir un usage alimentaire, le fruit répondait à une réalité botanique : protéger la graine, favoriser sa dissémination et donc la reproduction de l’espèce. En un mot : transmettre la vie.

Comme Jésus parle dès le début du Père comme d’un vigneron, cela oriente bien sûr la lecture dans le premier sens : la vigne destinée à produire du vin. Et pourtant, il est troublant de constater que le texte fonctionne aussi avec le sens botanique : on ne donne la vraie vie qu’en restant uni à Celui qui est la vie.

Je ne sais pas dans quelle mesure cette lecture est très orthodoxe, mais elle est en tout cas un peu moins… productiviste. Si Jésus nous demande de demeurer uni à lui comme le sarment au cep de vigne, ce n’est sans doute pas dans un objectif de production matérielle, pour mesurer ce que nous aurons produit. D’ailleurs, Jésus ne dit-il pas lui-même qu’il est venu donner la vie, et la vie en abondance ?

Cette réflexion sort aussi de l’enfermement que peut induire un certain discours sur les « racines , dans une lecture trop littérale. Puisque le fruit porte en lui la graine… qui deviendra à son tour une nouvelle racine.

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