En écoutant l’Évangile de ce dimanche, l’esprit encombré par les soucis du moment (comme cela arrive hélas) quelque chose à laquelle je n’avais jamais prêté attention m’a littéralement réveillé. Il s’agit de la formule que Jésus adresse à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde ».
Ce qui est remarquable, c’est que Jésus attribue ici à ses disciples une qualification qui lui est normalement attribuée, à lui. La lumière du monde, « lumière née de la lumière », n’est-ce pas lui, le Christ ?
Jésus lui-même le dit ailleurs explicitement :
« Jésus leur parla de nouveau, et dit: Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12)
Dans un registre plus poétique, le texte de l’Exultet chanté au cours de la vigile pascale le dit aussi magnifiquement :
« l’astre du matin, cet astre sans pareil qui ne connaît pas de couchant, le Christ, ton Fils, revenu du séjour des morts, qui répand sur le genre humain sa lumière et sa paix. »
Le parallèle entre les deux formules (« je suis la lumière du monde » / « vous êtes la lumière du monde ») est trop net pour mettre cela sur le compte d’une simple coïncidence (même si Jésus emploie aussi dans le même passage une autre image, celle du sel de la terre).
La façon dont Jésus attribue à ses disciples une de ses propres qualité correspond à cette formule « Christianus, alter Christus » : tout baptisé est appelé à devenir un « autre Christ ».
Cet éclairage change la réception de cette page d’Évangile. Jésus ne dit pas seulement à ses disciples : « recevez ma lumière et faites-la briller sur le monde », mais bien : « vous êtes la lumière du monde ». Le Christ ne se contente pas seulement de nous donner de bons conseils, de nous fixer des « objectifs missionnaires ». Le Christ nous invite à bien plus que d’être de bons petits soldats, mais à partager sa vie même.
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