Triste Triduum pour les prêtres

La période est difficile pour les prêtres. Leur choix du célibat consacré est déjà difficile dans l’absolu, et à plus forte raison dans une société qui n’en comprend plus le sens. Avec l’accumulation des révélations d’abus et de crimes, ils finissent par être vus comme des pédophiles en puissance. Le débat récent sur la nécessité du célibat des prêtres, à l’occasion de l’exhortation apostolique à la suite du Synode pour l’Amazonie, a touché certains d’entre eux qui ont senti, à tort ou à raison, qu’on remettait en cause l’essence même de leur choix de vie.

Et voilà que le confinement les conduit cette année à célébrer seuls le Triduum pascal. Certains auront la possibilité de pouvoir se regrouper entre prêtres d’une même paroisse ou d’un doyenné, mais c’est une bien maigre consolation. Ces fêtes sont le cœur de l’année liturgique, elles célèbrent le cœur de la foi chrétienne. Ce sont chaque année des moments de joie pour toute la communauté chrétienne rassemblée à travers le monde. Les églises, fleuries avec une attention toute particulière, résonnent dans la nuit de Pâques des chants d’allégresse en s’éclairant progressivement à la lumière partagée des bougies. Mais cette année, les voix des prêtres, vigoureuses ou chancelantes, ne rencontreront que l’écho d’une nef vide. Les prêtres n’ont pas donné leur vie pour célébrer les sacrements pour eux-mêmes, seuls dans une église.

Bien sûr, je ne renonce pas à ce que je pense de la situation de l’Église minée par un déséquilibre profond entre les clercs et les laïcs, avec toutes les conséquences que l’on découvre progressivement. Ce sont autant de sujets que nous devons continuer d’affronter avec courage et humilité. Mais cela n’empêche pas un respect et une profonde gratitude pour ceux qui ont donné leur vie pour l’Église. « Qui aime bien châtie bien » dit la formule : les remarques formulées parfois sur ce blog relèvent surtout de l’exigence d’un vieux paroissien qui a justement bien conscience de l’importance de cultiver de saines relations avec les prêtres qui nous sont donnés.

Alors, si certains passent sur ces pages ces jours-ci, qu’ils sachent que, s’ils pensent et prient pour nous au cours de ces offices qu’ils célèbreront peut-être seuls, leurs paroissiens prient aussi pour eux, en particulier au cours de ce jeudi saint où l’on commémore l’institution de l’Eucharistie et qui est traditionnellement leur fête.

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