L’un est pris, l’autre non

Le Déluge, mosaïque de la basilique Saint-Marc, (Venise), XIIIe siècle.

Dans l’évangile du 1er dimanche de l’Avent de l’année A, que nous entendions hier, il y a trois choses qui m’intriguent à chaque fois (puisque ça revient tous les trois ans).

La première c’est la formule « l’un sera pris, l’autre laissé ». On devine que ça va plutôt mal se passer pour l’un des deux et que l’autre a eu de la chance. Oui, mais lequel ? Que faut-il entendre derrière cette expression « être pris » ?

Le reste du texte n’éclaire pas tellement, surtout que la formule est encadrée par deux références qui n’aident pas trop. Juste avant, il est question de l’arche de Noé. « Être pris » pourrait alors tout aussi bien signifier être embarqué par Noé sur son arche (et donc sauvé), qu’être pris par le déluge (et donc promis à un sort funeste). Et juste après, Jésus parle du voleur qui vient à l’improviste, ce qui laisse plutôt entendre une mauvaise surprise. J’ai d’ailleurs lu des commentaires qui interprètent cette mention dans des sens opposés. J’ai même trouvé une homélie qui s’avance dans une interprétation très psychologisante ou les « deux hommes » seraient les deux pôles d’une personnalité un peu clivée. Je ne suis pas vraiment convaincu.

Notez que ça ne change pas fondamentalement la compréhension du texte. On comprend malgré tout l’idée générale de ce passage, mais je me demande toujours ce que Jésus avait en tête en employant cette formule.

La deuxième remarque, c’est l’impression d’arbitraire qui se dégage dans cette affaire. Les deux hommes sont présentés comme identiques et rien ne dit pourquoi l’un serait pris et l’autre non. De même pour les deux femmes qui sont au moulin. Aucune mention n’est faite sur la justification du choix de l’une ou de l’autre. On ne parle pas de leur mérite – ni de leurs actes, ni de leur foi. C’est tout de même un peu troublant, surtout que le propos est de nous inviter à « nous ternir prêts ». Certes, mais rien n’indique ici que l’une se tenait prête et l’autre non, ce qui finalement n’est pas très encourageant.

Enfin, la dernière remarque porte sur le caractère assez négatif des comparaisons choisies. Jésus nous parle de la venue du Fils de l’homme, et ce qu’il prend comme analogie, c’est un déluge et un voleur. Pas très positif. À titre de comparaison, lors du 1er dimanche de l’année B, on entend un passage assez proche, mais issu de l’évangile de Marc. Cette fois, l’analogie est faite avec le retour du maître de maison, et c’est un peu plus immédiat.

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